Réalité Augmentée en phase études
Sous l’appellation générique de conduite d’opération d’une infrastructure publique, nous entendons l’ensemble des étapes qui permettent à une maîtrise d’ouvrage de passer de l’intention politique de construire des ouvrages à leur réalisation effective puis à leur exploitation. Ce processus créatif induit une multitude d’étapes tout en impliquant un grand nombre d’acteurs.
En s’intéressant de près à ce processus et à ses étapes, il apparait que la réalité augmentée propose des contributions à de multiples niveaux et sous diverses formes. L’objet porte ici sur les apports de la réalité augmentée appliquée à la phase projet, en excluant de fait les étapes de travaux et d’exploitation des ouvrages neufs.
Au stade du projet, les acteurs concernés sont donc les Maitres d’Ouvrages (MOA) et leurs Assistants (AMO), ainsi que les Maitres d’Oeuvre (MOE).
Nous pouvons identifier les étapes significatives suivantes :
- Etat des lieux de l’existant
- Etude de faisabilité fonctionnelle
- Avant-projet
- Négociation des emprises foncières
- Etude de faisabilité technique du projet
- Publication des solutions envisagées et de leurs variantes
Etat des lieux de l’existant / Faisabilité fonctionnelle
L’état des lieux de l’existant permet à l’étude de faisabilité fonctionnelle de s’appliquer dans toute sa liberté. C’est le temps de la créativité adossée à des principes de réalisation, en particulier le « pourquoi » de la création de l’ouvrage. A ce stade, l’état des lieux peine à contenir l’épaisseur des traits de l’esquisse, et il n’a pas beaucoup d’autre rôle. L’esquisse, quant à elle, dessine les projections des concepteurs. Pour qu’elles soient fécondes, il est bénéfique que ces projections se confrontent peu aux contraintes de la réalité.
Dans ces conditions, la réalité augmentée apporte peu, sauf dans les cas où les ouvrages à construire contiennent des superstructures dont l’intégration dans l’espace constitue un enjeu en soi. Dans ce cas, il convient de modéliser, ne serait-ce qu’avec approximation, les objets 3D à construire. Cela peut se faire rapidement à l’aide de logiciels simples, pour décrire simplement les volumes esquissés. Rapidement, la projection de ces volumes sur les sites de construction donne une idée première de l’impact visuel de chaque variante. En exemple, il est possible de citer l’intégration de volumes de bâtis dans le contexte d’un aménagement urbain, en y insérant les aménagements des voies de circulations et les espaces végétalisés. L’aménageur, ou l’urbaniste, peut alors présenter au maître d’ouvrage une illustration réaliste du projet en cours. Dans ce cas, la visualisation, bien mieux encore que des illustrations 3D, produit un enchaînement concret des perspectives géométriques nouvelles et aide avantageusement à la prise de décision.
avant projet
Mise en œuvre lors de l’avant-projet, la réalité augmentée commence à s’appuyer sur une géométrie précise et cale encore mieux ses modèles dans l’existant. Elle peut efficacement faire pencher le choix des solutions définitives sur la base d’arguments concrets. Grâce à elle, la décision est plus simple, plus évidente et plus rapide. En outre, elle permet déjà d’impliquer les tierces personnes potentiellement concernées, comme les riverains ou usagers.
faisabilité technique du projet
L’élaboration du projet produit des documents techniques. Ils sont parfois difficilement lisibles par les personnes non entrainées. Aménagement par aménagement, raccordement par raccordement, habitation par habitation, la réalité augmentée montre à chacun la réalité des travaux futurs et leur incidence sur l’environnement proche. A ce stade, l’outil prend son meilleur sens pédagogique et relaie avec efficacité toutes les informations reportées sur le plan dans toute leur complexité technique. Une des applications évidentes tient à la facilité, en s’appuyant sur l’imagerie produite, d’exposer les travaux à un riverain pour emporter son adhésion lorsque sa propriété doit être touchée.
Options et variantes des projets
Lors de la conception fine du projet, la visualisation en réalité augmentée donne au concepteur des informations utiles pour déterminer les éventuels conflits de géométrie liés à l’ouvrage futur.
Enfin, une fois les options et leurs variantes retenues, la réalité augmentée fournit aux décideurs un complément indispensable à une prise de décision globale. Elle aide à extraire de la réflexion des éléments subjectifs qui pourraient installer des biais inutiles. A ce stade, nous pouvons citer les notions d’intégration, d’encombrement, ou de conflits d’occupation.
Sur la base des modèles obtenus, les images ou vidéos viennent utilement alimenter les argumentaires lors des réunions publiques..
et bien d'autres usages
Au vu de la simplicité de constitution de fichiers au formats projetables en réalité augmentée, cette liste des applications ne peut être exhaustive. Il appartient à chacun de faire ses propres expériences, et de construire peu à peu les usages les pieux adaptés et les plus facilitant pour la conduite de l’opération.